TRIBUNE LIBRE

Préambule

Hansi nous quittait le 10 Juin 1951 , voici donc 50 ans. Colmar, reconnaissante, rendit un hommage à son fils qui , outre son rôle d'illustrateur nationalement connu, avait tenu le poste de Conservateur du Musée Unterlinden de Colmar. Toutefois ses dernières années ne s'écoulèrent pas  dans l'opulence. Hansi vivait bien mais plutôt chichement. La qualité de ses dernières publications ( Mme Bissinger prend son bain et le premier Phonographe ) sont le reflet, et de son budget limité, et du crédit qu'il pouvait avoir auprès des éditions locales. Nous sommes loin de Colmar -en - France !

Dès 1952 , les Saisons d'Alsace publièrent un numéro spécial consacré à Hansi. La Société Historique de Colmar consacre un article de L. Kubler à JJ Waltz ( 7 pages ). Puis il faut attendre les années 60 pour lire les livres passionnants et détaillés de son ami Robert Perreau. Mais on ne peut vraiment pas parler d'un engouement particulier pour Hansi , sauf de la part de quelques inconditionnels.

A partir des années 1980 , parallèlement au grand essor des cartes postales anciennes, un nouvel intérêt se fit jour auprès du grand public et les collectionneurs de ses cartes postales , de ses lithographies , de ses livres, se disputèrent ses oeuvres , et ce au grand profit des vendeurs qui virent ( ou firent )  grimper les prix !

Des livres sur Hansi furent édités. Les éditions Herscher publièrent en 1984 "Le grand livre de l'Oncle Hansi" avec une préface mi-figue, mi-raisin de Tomi Ungerer. En 1996 Paul Steinmann et René Candir éditèrent un recueil quasi exhaustif des cartes postales de Hansi en collaboration avec la maison de Hansi, Riquewihr. 

La Maison de Hansi se transforma en Musée Hansi avec pour conservateur Monsieur Yannick Scheibling. Le passage dans le domaine public des oeuvres d'un artiste défunt étant passé de 50 à 75 ans , une SARL fut crée et se chargea de la commercialisation de toutes les reproductions de l'artiste.

Cinquante ans après , nous pouvons donc dire : Hansi n'est pas mort ! et suscite encore articles et controverses !

C'est l'objet de cette page que de rapporter tout ce qui se dit sur Hansi.... en bien comme en moins bien.

 

Commémoration du cinquantenaire de la mort de Hansi

 

Tout d'abord une carte avec cachet postal :  tribuneptt.jpg (28885 octets)           Une carte de Patrick Hamm :            

 

Des Manifestations à Colmar :          colmar2001.jpg (42516 octets)

 

-  avec dévoilement du monument dédié à Hansi, exposition "Hansi et le livre ", puis en Septembre , Exposition " Hansi , l'Alsace au coeur "

-  L'édition, par la Ville de Colmar, d'un splendide almanach 2002 distribué à ses habitants.

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Par ailleurs plusieurs élèves des classes de Langue et Culture Régionale mirent à profit le cinquantenaire de sa mort pour plancher sur la vie et l'oeuvre de notre artiste. Nous citerons Emilie Houille qui se classa 3° sur 600 élèves avec la remise d'un mémoire remarquable de concision et de netteté. Nos félicitations.

J'ai envie également de faire figurer une médaille de 6 cm de diamètre due à une artiste Louise Cazenavette mais qui aurait été frappée en 1981 ( pour la commémoration des 30 ans de la mort de Hansi )

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 Musée d'Unterlinden de Colmar  

 

Du 27 Novembre 2004 au 14 mars 2005, s'est tenue au Musée d' Unterlinden de Colmar une très belle exposition sur le thème : Portrait d'une Ville , Colmar. Des pièces assez rares étaient exposées, provenant soit du Musée lui-même soit du Musée Hansi de Riquewihr.

 

Débats et polémique

Les premières réflexions désagréables sur Hansi viennent de Tomi Ungerer qui semble vouloir refuser de placer l'oeuvre de Hansi dans son contexte historique. Quelques extraits :

" Hansi lui n'a vécu que devant un seul horizon, d'un bleu troufionné, stérilisé, desexué, fictionné d'un arc en-ciel-tricolore. Non mais quand même!,tricolore! il parle de l'Alsace comme d'un paradis tricolore! " Ein trikolorisches Paradies?" You have to be color blind to come up with a formula like that. Mais c'est çà, Hansi, l'imagiste aveuglé par un fanatisme d'eunuque....
Mais le sang de sa muse haineuse est allé faire phlébite ailleurs dans un faux folklore, du carte- postalifère.
Hansi artiste bourgeois plus petit que grand, se promène pour carte-postaliser une Alsace bonne à rassurer le bourgeois.Il n'a sans doute jamais travailler dans une vigne ou dans une brasserie."
............etc    ............etc

No comment Sir Ungerer ! Vous qui préferez  vivre aux USA ou en Irlande, votre talent non contesté ne vous permet pas d'insulter un homme comme Hansi qui parait bien moins haineux que vous-même.Vous manquez un peu de classe. Dommage, car vous sembliez sympathique.

Dans la revue "L'Alsace" :

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nous trouvons ,au côté de très intéressants articles sur ses Caricatures Satiriques ( p.52/59), sur l'éternel débat concernant le côté folklorique donné à l'Alsace d' Hansi,(p31/33, p.46/47), à sa vie de combats ( p.22/25 ) un  encart qu'il est difficile d'ignorer et de laisser sous silence. Il s'intitule " Hansi Business" et souligne le fait suivant :

"Parallèlement à l'association qui encadre les activités du musée, Jacques Feger et Yannick Scheibling ont crée une SARL pour la commercialisation des produits dérivés et l'exploitation des droits relatifs à l'Oeuvre de Hansi."Au début , nous nous sommes limités à quelques reproductions imprimées. Rapidement, face à la pression de la demande et au problème des reproductions sauvages, nous avons dû étendre l'offre", explique Yannick Scheibling. Pour plus de souplesse, des licences ont ainsi été accordées par l'ayant droit à des fournisseurs de confiance qui peuvent disposer librement des images et reversent en contrepartie une commission sur leurs ventes..........Au total , une dizaine d'entreprises qui assurent l'essentiel de la production griffée Hansi, un marché de l'ordre de 20 millions de frs dont une infime partie revient aux ayants droit........."

Mais ce qui retient l'attention , ce n'est non pas le commerce des oeuvres de Hansi qu'il est normal de canaliser afin de ne pas dénaturer son oeuvre mais c'est ce petit détail qui semble anodin et qui à mon sens est inacceptable eu égard au combat de Hansi : Sur la boîte de gâteaux vendue par le musée , l'enfant allemand "chétif et envieux" de Hansi a disparu.

Rappelons que cette gravure est tirée de son livre " Mon Village " et que c'est justement pour la parution de ce livre que Hansi a été déféré devant la Haute Cour de Leipzig et qu'il a été condamné à un an de prison. Comment respecter Hansi et occulter son combat en gommant une silhouette - fort anodine du reste - qui risquerait de heurter la sensibilité " nationaliste" d'éventuels clients germaniques. Non , le politiquement correct dans lequel nous sommes plongés , est inacceptable et je connais nombre de citoyens allemands qui se délectent à la vue des dessins de Hansi. Seuls les états communistes ont effacé des photos officielles les personnages devenus indésirables. Devons nous changer les paroles de la Marseillaise qui parle de sang impur ?Au nom de l'Histoire , de notre héritage commun, sinon collectif, je dis NON. Ceci n'empêche aucunement nos sensibilités actuelles d'évoluer et d'être plus humanistes. Mais ne renions pas notre passé, même s'il est fossilisé dans les strates des contextes sociaux et politiques du moment.

Un débat intéressant est celui soulevé et entretenu par Les Saisons d'Alsace " dans son n° 2 " Faut-il brûler Hansi? " par Georges Bischoff.

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Les arguments avancés sont bien moins outranciers que ceux de Ungerer, même s'ils s'appuient parfois sur des considérations similaires.

" Dessinateur de grand talent, polémiste infatigable, agent d'influence au service de la France, fin connaisseur des traditions locales , l'homme a été tout cela à la fois, et même bien d'avantage. Son histoire est complexe, à l'image de celle de la région à laquelle il a voué son oeuvre. Il ne faut pas réduire ses dessins à leur seule portée actuelle, mais tenter de les replacer dans le contexte qui les a vus naître. Hansi est donc un des meilleurs révélateurs du passé récent de l'Alsace. Brûler Hansi serait brûler un peu de notre histoire."

Merci Monsieur Bischof , même si dans le n° suivant (n°3 ) vous avez eu une attitude plus prudente à la suite du débat organisé à la librairie Kléber. Etes vous donc si influençable , ou voulez -vous être l'homme du consensus , toujours politiquement correct ?

"Le titre "Faut-il brûler Hansi " relevait autant du conformisme que de la provocation. Le personnage a quelque chose d'embarrassant et de hautement incorrect à l'aune de la pensée unique alsacienne: il a trop d'esprit. Dans un camp les admirateurs honteux , qui ont peur d'avoir été manipulés par "Mon Village" et par "l'Histoire d'Alsace racontée aux petits enfants de France", et qui se sentent un peu complices; dans l'autre des ennemis irréductibles qui ont peur d'être les  complices de ceux qui ont effectivement brûlé Hansi en 1940.............
En attendant rabaissons le piédestal de la statue de notre héros( ou de notre héraut ) et proposons un mode d'emploi raisonnable. Et avant tout , évitons de le prendre trop au sérieux.

Pour ma part, si je me situe parmi les admirateurs de Hansi , je  me sens nullement ni honteux ni complice de quoique se soit !!! Mais ne suis-je peut-être pas assez intellectuel pour assimiler toutes ces subtiles nuances.

Pour continuer la série des attitudes pour le moins étonnantes , je relève dans l'Alsace du 08 Février 2002, un article intitulé " Hansi : Vogler m'a tué ". Qu'en est-il ?
Dans son almanach de l'Alsace et des Alsaciens, l'historien Bernard Vogler occulte volontairement Hansi. Pour délit "d' antigermanisme à l'heure de la construction européenne"!!
Voilà l'attitude singulière d'un historien qui sélectionne les acteurs de l'histoire selon ses propres convictions. Je crois savoir que cela a un nom : le  révisionnisme.
Il est inutile de reprendre in extenso l'article de l'Alsace mais je conclurai avec le journaliste qui termine : " Trois questions peuvent alors être posées à Bernard Vogler, directeur de l'Institut d'histoire d'Alsace à l'université des sciences humaines de Strasbourg (université française à priori): son amour d'une Europe fédérale sur le modèle allemand lui permet-il d'aimer un peu encore la France ? Le fait d'enseigner dans une université française ne lui semble-t-il pas trop lourd à porter? Pense-t-il que la censure fait partie du travail de l'historien? "

Dans la série "On n'arrête pas le progrès " :
Voici un récent article tiré d'une revue associative "D'Heimet" ( Heimetsproch une tradition ) de janvier 2002, aimablement transmis par 
Sylvain Vogelsberger. Article signé  H.Scherb. Je cite en vrac et au hasard :

" JJ. Waltz était certes un illustrateur de talent, mais sa philosophie est raciste, haineuse, anti-germanique et anti-alsacienne puisqu'il renie nos origines et la moitié de notre culture."

Ce que j'aime c'est le :anti-germanique !!1870...1914...1939! Je pense qu'il eut été plus convenable que Monsieur JJ Waltz soit tout bonnement un collabo! Cela devait être plus tendance.
Et pourquoi renie-t-il la moitié de ses origines alsaciennes ? Une page de son histoire de France est falsifiée :
"Chez Hansi ( la prise de Turckheim ) la même histoire est racontée à l'envers et les agresseurs sont les Impériaux et la soldatesque royale est accueillie en libératrice. Hansi est un faussaire!"........." Pour Hansi , toute cette période de l'histoire de l'Alsace fut illuminée, pire, éblouie par le Roi Soleil alors qu'il n'a laissé que sang et ruines derrière lui !"

Enfin , le plus triste : " A Colmar, en 1919 , c'est Hansi qui se distingue par ses emportements racistes coutumiers, en excitant de jeunes gamins à hurler des chansons injurieuses à l'adresse des innocentes victimes, notamment des femmes avec leurs bébés ou des vieillards. "
Je reconnais que le supplice a du être atroce si les gosses chantaient faux !
Ne trouvez-vous vraiment pas que cette image à faire pleurer les foules est un peu éculée? Je ne croyais pas qu'en 2002 on s'abstiendrait de nous ressortir l'arme fatale d'une propagande de pays totalitaire ! 

Je viens de recevoir le n° 14 de SAISONS d'ALSACE ( 2° trimestre 2002 ) dans lequel Monsieur Bischoff - et d'autres historiens - parlent de la guerre de 30 ans. Très intéressant et ma foi assez éloigné de cette version révisionniste ! Encore des traîtres à la culture alsacienne......

Et dans la même veine :

 Savez-vous enfin qu'en Alsace existe une association intitulée : " flna" avec qui  j'ai eu l'occasion d'échanger quelques e-mail. Voici un extrait de celui que je reçus  en premier :

Herr Muller ,

L'admiration faite à JJ Waltz sur le web alsacien commence sérieusement à nous inquiéter. Le FLNA combat le souvenir du traître francophile et raciste Hansi. Le FLNA est garant du souvenir des expatriés de force de 1918.

Il semblerait que le grand père ( ou arrière grand père ) d'un de ces jeunes rédacteurs ait été expulsé d'Alsace en 1918 !( retour à l'envoyeur ) La vengeance est un plat qui se mange vraiment froid !Mais ce n'est  pas très méchant. Enfantillage , serais-je tenté de dire.

Encore ... et encore ...:( 13 03 2002 )

Un e-mail de Nicolas Muller ( quelque soit le contenu, je remercie toutes les personnes qui me font part de leurs sentiments, c'est un vrai débat ). Ce message étant très long , je prends au hasard :
"Pour avoir lu l'Histoire d'Alsace racontée aux enfants, j'ai pu m'apercevoir à quel point celui que vous tenez pour un intellectuel est un piètre fascite inculte". Suivent quelques phrases peu amènes où c'est moi qui à mon tour devient fascite, jacobin (!), collaborateur, masochiste , opportuniste , traître,   tout cela pour exalter la mémoire de Hansi au travers d'un site Internet.
Que répondre de sérieux ? Pas grand chose certes. Deux petites réflexions tout de même :

1 : Fascisme :Agen, le 10 avril 1941, à 11 heures du soir, alors qu'Hansi , alors âgé de 68 ans , regagne sa chambre. Il est accosté par trois individus ( gestapo de Colmar ) qui le rouent de coups et le laisse pour mort sur le trottoir, dans une mare de sang." Hansi ist umgelegt "s'empressent-ils de câbler à Colmar. Heureusement Hansi , revenu à lui au milieu de la nuit , réussit à se traîner jusqu'à sa chambre .

2 : Masochisme :  Faut-il vraiment l'être pour aller visiter un site à la mémoire de son pire ennemi ! Mais merci d'être venu, comme l'on dit. 

 

 

Courrier reçu le 05 02 2007 :

 

Je ne suis certainement pas nazi, mais je comprends parfaitement qu'ils voulaient le tuer, ce Hansi.Je suis né en 68 et franchement, si je compare la France et l'Allemagne,
Hansi avait tort d'être francophile. Le ICE on l'aurait eu depuis 15 ans, et maintenant les Keller et Grossmann se rejouissent qu'il vient en 2007 - qu'ils aillent à Paris lecher les culs.
Et parlons également de la purification linguistique des années 50 et l'introduction consciente et volue d'Arabes et de Pieds-Noirs afin d'affaiblir la culture germanique en Alsace.
Et la purification en 1918 ? Elle n'aurait pas servi d'exemple à Hitler 20 ans plus tard envers les pauvres Juifs ?Je suis amer et je n'aime pas la France - au contraire. Peut-être que je ne
bois pas suffisamment de Riesling (qui d'ailleurs est mieux au Palatinat).
 Bien cordialement
Victor Rotter

 

´Si un lecteur  peut m' expliquer le sens profond de cette missive, je suis preneur.

Merci à Eric Charon qui m'adresse ce jour ( 19 02 2007 ) le mot suivant :

Hansi, je ne l'aurais jamais cru, instigateur de polémiques d'outre-tombe qui me semblent  motivées  par la jalousie .
Hansi, lorsque j'étais enfant au lycée français de Diego Suarez (Madagascar) en 1968/1971 était présenté comme un patriote remplaçant avec talent le fusil par le fusain.
 Alors, dans le cas de de la polémique sur Hansi, ne faut-il pas aussi interdire Charles Péguy ou les textes d'Alphonse Daudet dans les Contes du Lundi sur l'alsace française ?
 Doit-on enlever dans les régiments de la 2è Division Blindée (celle du maréchal Leclerc, où j'ai servi en 1981/1982) tous les noms de bataille alsacienne mis sur les chars ?
 Ne faut-il condamner Albert Schweitzer gardant sa nationalité allemande après 1918 comme anti-patriote français ?
 Bref, ne nous enlevez pas, messieurs les polémistes, notre affection pour ce qui reste un grand dessinateur et patriote tout simplement.
 Enfin, Hansi pourfendeur de la construction européenne, je n'y crois pas un seul instant. Je pense plutôt qu'il aurait été fière d'une France et d'une Allemagne unie.
 Amicalement, Eric Charon

 

 

 

Si vous avez des sensibilités différentes, voir semblables, ce qui ne gâte rien , , n'hésitez pas à m' en faire part , elles seront publiées en annexe de cette page " Tribune". roland.muller@wanadoo.fr